Les Débats de NG 78

Les Débats de Nouvelle Gauche 78 sont enfin actifs. Il s’agit d’un lieu de débat afin que ce blog ne soit pas uniquement un vecteur à sens unique d’informations. Ainsi n’importe qui peut poster un article, un graphique pour lancer le débat.

Pour cela un seul moyen : envoyer l’article en question à nouvellegauche78@gmail.com . L’article, s’il respecte quelques principes de base (pas d’insultes, pas de racisme,….) sera publié. Le débat se fera dans un premier temps par voie de commentaires. Ceux ci ne sont pas modérés, afin de ne pas bloquer le débat, cependant tout commentaire insultant sera supprimé sur le champs.

Voici le premier article des Débats de Nouvelle Gauche 78. L’article nous a été envoyé par Michel Veillard que nous remercions vivement.

N’hésitez pas à réagir par la voie des commentaires ou bien en nous envoyant un article sur le même sujet.

Projet de participation concrète du PS au développement durable : évaluation et suivi des comportements des entreprises.

Nous avons récemment réaffirmé notre acceptation du marché.

Nous acceptons que les entreprises aient les coudées de plus en plus franches pour produire des richesses, plus ou moins utiles…

Les entreprises disposant de cette grande liberté apportée par le consensus libéral et social-démocrate, ont en regard une responsabilité sociétale, dont elles ne sont pas toujours conscientes, et qui n’a peut-être pas suffisamment été proclamée.

La notion de parties prenantes décrit bien cette dépendance des entreprises vis-à-vis de la société, laquelle leur a délégué la sphère de l’économie.

Cette délégation comporte timidement une forme de contrôle (pas de délégation sans contrôle du délégué par le déléguant) qui regroupe la supervision financière des entreprise par le marché, actionnaires, analystes financiers, investisseurs…, les analyses et actions des organisations syndicales, ainsi que l’opinion publique exprimée ou façonnée principalement par des associations du type ONG.

Si le PS a accepté cette délégation aux entreprises pour qu’elles animent la sphère économique, cela lui créé le devoir légitime de participer pleinement au contrôle de l’exercice de cette délégation.

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Dans cette logique, pourquoi ne pas organiser dans nos sections une activité permanente de veille et d’analyse de quelques entreprises, locales ou choisies selon des critères de compétence particulière au sein de chaque section ?

La finalité pour nous serait de proposer une évaluation des objectifs et des résultats de chacune de ces entreprises, au regard des objectifs que porte le PS pour notre société. Ces réflexions se transformeraient indirectement en action par la publication sur les sites internet des sections, et par l’effet d’influence induit par la pertinence de ces productions.

Je ne dispose pas d’une grille d’analyse politique à proposer/imposer, et je pense que chaque section peut aisément s’en doter. Le mécanisme de contrôle par les pairs qu’utilisent les scientifiques et la communauté wikipédia me semble un bon processus pour valider les analyses et les recommandations de chaque section avant publication sur le net.

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Les grands thèmes du développement durable font évidemment partie des points à analyser, et sont moins familiers aux sections que ne le sont les thèmes classiques de l’action politique, qu’elles sauront bien appliquer aux enjeux et pratiques des entreprises.

C’est pourquoi je propose ci-après un cheminement robuste pour fil conducteur, support de fortes analyses et de recommandations utiles.

Je proposerai ensuite un exemple concret pour montrer la puissance de la méthode.

La réussite de chaque entreprise à l’aune du développement durable réside dans sa capacité à intégrer concrètement, pour les faire interagir avec synergie, les trois volets de la durabilité : économie, environnement et social.

Ceci signifie que :

– L’entreprise fabrique et propose des produits et services qui non seulement ne manquent pas de respect à la nature, donc qui consomment le moins possible de ressources naturelles non renouvelables (énergie fossile, matières premières, air pur sans gaz à effet de serre), mais encore qui apportent dans leur fabrication et mise à disposition, de nombreuses satisfactions aux collaborateurs, tant financières que de développement personnel, ainsi bien sûr qu’aux acheteurs/utilisateurs, qui devront avoir la satisfaction de ne pas polluer en utilisant le produit/service, lequel est proposé avec un prix responsable eu égard au pouvoir d’achat. Prix qui permet que l’entreprise dégage une marge suffisante pour continuer à innover et satisfaire ses propriétaires, ses collaborateurs, ses clients et le tout, sans cesser de respecter la nature et de sauvegarder la biodiversité.

– L’analyse, menée de l’extérieur de l’entreprise, visera donc à identifier et quantifier les objectifs affichés ainsi que les objectifs réels de l’entreprise au regard des critères énumérés ci-dessus, et évaluera l’allocation de moyens que l’entreprise a choisi pour atteindre ces objectifs : investissements pour changer les procédés non respectueux de la nature, formation des collaborateurs, efforts d’innovation pour proposer des produits et services permettant aux utilisateurs de respecter la nature, intéressement des responsables aux résultats à obtenir, etc..

– Les recommandations pourront prendre appui sur la critique de certains ou de tous les objectifs affichés et réels, ainsi que des allocations de moyens retenues, et pourront ensuite décrire les objectifs souhaitables et formuler des propositions d’allocation de ressources pour les atteindre.

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Voici donc maintenant à titre d’illustration la mise en œuvre de ce cheminement appliqué au cas de Total, les jugements de valeur énoncés n’engagent que moi.

1 Identification des objectifs officiels affichés par l’entreprise :

En se référant aux textes officiels postés sur le Net, on doit considérer que Total se donne présentement l’ambition, d’une part de multiplier les découvertes de nouveaux gisements, et d’autre part d’augmenter rapidement sa capacité de raffinage, pour approvisionner les consommateurs ; on doit aussi constater que la diversification dans les énergies renouvelables a commencé. En effet Margerie le DG a annoncé la mise en service du nucléaire, de l’éolien, et le renforcement dans les autres sources d’énergie alternatives, notamment agrocarburants ainsi que les deux solaires, thermique et photovoltaïque.

2 Identification des objectifs réels de l’entreprise :

En se référant à notre bon sens ainsi qu’à la sagesse populaire, et il reste à creuser ce point pour trouver des preuves, nous pouvons affirmer sans que ce soit un procès d’intentions, que l’objectif véritable est de maximiser les profits tirés de l’augmentation prévisible et continue de la rente pétrolière découlant de la raréfaction relative et absolue de la ressource ; il s’ensuit que l’urgence n’est pas vraiment à substituer le pétrole !

3 Evaluation des objectifs au regard des objectifs du PS pour la société :

Les objectifs officiels sont acceptables, mais il reste à préciser le rythme que Total va suivre pour se diversifier puis reconvertir dans les renouvelables : la plus grande rapidité est nécessaire pour permettre aux consommateurs de ne plus émettre de gaz à effet de serre par l’utilisation obligée du pétrole.

Les objectifs réels sont en grande partie condamnables, parce que la rente pétrolière doit être affectée en majorité écrasante à la reconversion vers les énergies renouvelables et non polluantes : il faut empêcher l’accroissement de l’effet de serre en mettant très vite des solutions innocentes sur le marché, et il faut aussi investir pour mettre en place des procédés pour extraire de l’atmosphère les gaz à effet de serre et les rendre inoffensifs.

4 Identification des moyens alloués par Total :

La consultation des états financiers 2007 postés sur le Net nous fournit les connaissances suffisantes pour peser les grandes masses :

Chiffre d’affaires : 159 milliards d’euros,

Profits (avant ou après impôt, reste à voir) : 12 milliards d’euros,

Dividendes versés : 4,5 milliards d’euros,

Investissements : 16 milliards d’euros > explorations de gisements et construction de capacités de raffinage,

Recherche fondamentale et appliquée : 600 millions d’euros, dont 80 millions pour les énergies renouvelables.

5 Evaluation de cette allocation de moyens au regard des objectifs du PS pour la société :

Adéquation correcte des moyens alloués à l’exploration et au raffinage au regard des objectifs et du rythme souhaitable de leur atteinte (pas trop vite pour que les prix continuent de découragent les consommations polluantes) tant en valeur absolue qu’au regard des capacités d’autofinancement.

Insuffisance criante des moyens alloués pour mettre sur le marché les nouvelles solutions indispensables, tout à la fois en valeur absolue et aussi relativement aux capacités d’autofinancement de l’entreprise, voire même relativement à sa capacité à lever des fonds pour financer cette action vitale pour elle et pour nous.

6 Recommandation

Il faudra ne distribuer au terme de 2008 que l’équivalent de 40% du dividende 2007 et utiliser dans l’année 2008 les autres 60% (soit 1,25 x 60% = 75% avant impôt sur les sociétés) pour financer la mise sur le marché de nouvelles solutions non polluantes ; les actionnaires s’enrichiront ultérieurement tout aussi bien avec la mise sur le marché de telles solutions qui remporteront un succès économique éclatant.

Michel Veillard

Le 5 juillet 2008

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